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  • APPARTENANCE
    « L'appartenance devrait t’apporter de la sécurité. »

    « L'appartenance à une culture, une tradition et une religion est bien tant que cela ne se transforme pas en intolérance, en création de frontière ni en haine. »

    « Appartenance : effacer le passé est plus aisé, néanmoins tu ne trouveras pas complètement ta place. »

    Contexte théorique

    Dans la plupart des dictionnaires, « l’appartenance » est définie par rapport aux lieux, aux situations ou aux personnes, avoir une affinité ou une relation saine, proche ou intime avec ceux-ci. Elle est définie par le fait d’être au bon endroit et de se sentir heureux et à l’aise là ou avec un groupe particulier de personnes.

    L’appartenance implique plus que simplement connaître d’autres personnes. C’est faire partie d’un groupe construit sur des relations intimes dans lequel nous nous sentons compris, reconnus, acceptés et mis en valeur. C’est avoir un endroit où l’on est connu et où l’on connait les autres, où l’on profite d’un soutien mutuel significatif.

    L’appartenance existe à l’intersection du respect, de la communauté et de l’interdépendance. L’intimité, la vulnérabilité et la contribution créent également un sens d’appartenance. Des croyances ou des idéaux partagés, un environnement positif, l’estime de soi et des possibilités d’interactions peuvent influencer le développement d’un sens d’appartenance au sein d’un individu.

    La perception que l’on a de soi par rapport à la communauté est aussi très importante. Le sentiment d’appartenance est le sentiment psychologique d’appartenance ou d’interdépendance à un groupe social, spatial, culturel, professionnel ou tout autre, ou à une communauté. C’est aussi la croyance et l’attente que quelqu’un rentre dans le groupe et qu’il y ait sa place, un sentiment d’acceptation du groupe et une volonté de sacrifice pour le groupe. La personne appartenante se sent partie intégrante du système d’environnement.

    Les sociétés sont diverses et lorsqu’il s’agit de permettre au plus de personnes possible d’appartenir à la société, il est important de comprendre comment les sentiments d’appartenance se développent et ce qui peut être fait pour créer de l’appartenance.

     

    Références pour aller plus loin :

    “A Sense of Belonging: How to Create a Meaningful Sense of Coming Home“ par Thrive Union https://www.youtube.com/watch?v=uvvNAN56bWU
    “The Essential Power of Belonging” par Caroline Clarke https://www.youtube.com/watch?v=RNiGny7OlWg 
    Raman S. (2014) Sense of Belonging. In: Michalos A.C. (eds) Encyclopedia of Quality of Life and Well-Being Research. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-007-0753-5_2646
    to be in the right place or a suitable place (Cambridge Dictionary)
    to feel happy or comfortable in a situation (Cambridge Dictionary)
    An affinity for a place or situation (LEXICO Oxford Dictionary)
    the feeling of being comfortable and happy in a particular situation or with a particular group of people (Oxford Learner’s Dictionary)
    secure relationship; affinity(Collins Dictionary)
    close or intimate relationship (merriam Webster)

  • DIVERSITÉ 

    « Dans ce monde diversifié, nous sommes des êtres vivants avec des sentiments. Tout comme les plantes et les animaux, nous faisons partie de la terre, nous nous acceptons avec notre différence, que nous reconnaissons comme faisant partie de notre identité. »

     

    Contexte théorique

    A. Wellner (2000) a conceptualisé la diversité comme représentant une multitude de différences et de similarités individuelles qui existent entre les personnes. La diversité renvoie à la grande variété de caractéristiques humaines (genre, origine, culture, langage, orientation sexuelle, compétences, etc.) par lesquelles nous sommes différents même si nous sommes tous humains et partageons plus de similarités que de différences. La diversité a tendance à impliquer des éléments qui affectent de manière significative la perception que les personnes pensant être la « norme » ont des autres. Cependant, il est important de considérer que la diversité n’implique pas juste d’autres personnes, et que nous sommes aussi différents des autres qu’ils le sont de nous (EDUC 1300).

    Nous devons prendre en compte le fait que les dimensions listées ci-dessus n’existent pas indépendamment et pour cette même raison elles ne peuvent pas décrire juste un individu, une communauté ou une population à elles seules. L’interaction des dimensions qui font partie de l’identité d’un individu est nommée intersectionnalité (Crenshaw, 1989). L’intersectionnalité se concentre sur la façon dont les dimensions peuvent se chevaucher et donner lieu à des expériences différentes aussi bien qu’à des privilèges ou des inégalités multiples.

    Références pour aller plus loin :

    Crenshaw, K. (1989). Demarginalizing the intersection of race and sex: A Black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics. The University of Chicago Legal Forum, 140, 139-168.
    EDUC 1300: Effective Learning Strategies. Retrieved from https://courses.lumenlearning.com/austincc-learningframeworks/chapter/chapter-17-diversity-and-cultural-competency/#return-footnote-81-1
    Wellner, A. (2000). “How do you spell diversity?” Training, vol. 37, 2000, pp. 34-38.

  • JUSTICE

    La justice peut être définie de plusieurs façons :

    Le point de vue institutionnel où la justice a pour rôle d’appliquer les lois. Celles-ci doivent être approuvées via un processus parlementaire. MAIS, paradoxalement, la justice institutionnelle peut parfois être injuste, les lois étant souvent faites par des personnes privilégiées en position de pouvoir. Conséquemment, ce même système pénalise les plus vulnérables.

    Du point de vue de l’inclusion sociale, nous pensons que la justice serait rendue si les règles ou les lois étaient élaborées de manière représentative, c’est-à-dire en appliquant dans le processus décisionnel un échantillon de personnes concernées.

    La justice peut être définies sous bien d’autres formes, dépassant nos pays et nos sociétés, par exemple une justice écologique qui honore toutes les formes de vie sur la planète.

     

    Contexte théorique

    Au fil du temps, la notion de justice a été analysée et définie différemment par les philosophes, les penseurs politiques, les économistes, les sociologues et les chefs religieux. C’est aussi une notion en perpétuel changement, en fonction des conditions et des circonstances qui prévalent à chaque époque.

    D’un point de vue grammatical, nous pouvons relier le mot au sanskrit yii, signifiant lien, ou le mot védique yós, signifiant bien, divin, sacré. Cette interprétation montre le lien entre la justice et le bon sens de bien faire. Le mot grec pour justice est dikè signifiant un cadeau de Zeus.

    Selon le Larousse, la justice a plusieurs définitions :

    • Principe moral qui exige le respect du droit et de l’équité ; qualité morale qui invite à respecter les droit d’autrui ; droit de dire ce qui est légalement juste ou injuste, condamnable ou non, ce qui est le droit ; action par laquelle le pouvoir judiciaire, une autorité, reconnaît le droit ou le bon droit de quelqu’un ; institution chargée d’exercer le pouvoir judiciaire, d’appliquer le droit.

    Aristote, Emmanuel Kant et Thomas Hobbes sont autant de références importantes sur ce sujet. Ils relient la notion de justice à respectivement l’équité, la liberté et la paix.

    Une autre définition intéressante et celle du théoricien politique nord-américain Michael Walzer. Il déclare que le concept de justice est composé de la justice légale, signifiant l’égalité devant la loi ; de justice politique signifiant une personne – un vote, droit à l’opposition et de parole, et toutes les caractéristiques d’une démocratie ; et de justice sociale signifiant égalité des opportunités. Pour Martin Luther King, « la justice à son meilleur est le pouvoir corrigeant tout ce qui fait obstacle à l’amour ».

    En termes de justice, l’on peut seulement affirmer qu’il n’y a pas de vrai ou de faux, mais différents cadres, contextes et périodes historiques de référence.

    Références pour aller plus loin :
    “Studies of The Theory Of The Norm And The Legal Order”, par Norberto Bobbio
    “A Theory of Justice”, par John Rawls
    Vidéo : “What is justice?” par Hans Kelsen https://www.youtube.com/watch?v=akh1Xci1HY0

  • RACISME

    « Le racisme est l’un des problèmes les plus important au monde. Il est basé sur une théorie de supériorité d’un groupe sur un autre, appartenant à des groupes ethniques différents. »

    « C’est essentiellement une attaque aux droits humains, à la justice et à la dignité. »

    « Le mot racisme n’existe pas pour moi, car chacun en a sa définition, même si c’est un mot dont la plupart des gens parle. »

    « Pour moi, le racisme c’est quand par exemple tu es au bar, que le barman vient et te parle mal. Nous pensons qu’être marocain ne justifie pas un tel traitement à notre égard. Nous devons arrêter ça. »

     

    Contexte théorique

    Selon le dictionnaire Merriam-Webster, le racisme est « la croyance que la race est un déterminant fondamental des traits et des capacités de l’être humain et que les différences raciales entraînent une supériorité inhérente à une race particulière », pouvant aboutir à « l’oppression systémique d’un groupe racial au profit d’un autre groupe, au niveau social, économique et politique ». Le mot racisme semble avoir une origine récente ; en fait, il n’y a pas de citations connues avant 1902. Cela ne signifie pas que ce concept n’existait pas, des choses pouvant exister depuis longtemps avant qu’un nom ne leur soit donné.

    Le mot racisme vient de race, qui fait référence aux catégories dans lesquelles la société place les individus sur la base de leurs caractéristiques physiques (couleur de peau, type de cheveu, traits du visage). Bien que beaucoup pensent que la race est déterminée par la biologie, il est largement admis aujourd’hui qu’il s’agit plutôt d’une classification due à des raisons politiques et sociales (ADL, 2020).

    Le racisme est également une forme de réaction intergroupe (incluant les pensées, les sentiments et les comportements) qui engendre des avantages systémiques pour le groupe même et / ou engendre un désavantage envers un autre groupe sur la base de perceptions de type raciales (Dovidio et al, 2013). L’idéologie sous-jacente aux pratiques racistes comprend souvent l’idée que les humains peuvent être subdivisés en différents groupes qui se distinguent par leurs comportements, leurs compétences sociales et / ou leurs capacités, et que ces différences se trouvent dans la génétique et / ou dans les caractéristiques héritées.

    Les manifestations flagrantes de racisme et de xénophobies sont faciles à passer au crible et la plupart des personnes ont appris à les censurer, mais elles ont donné lieu à un grand nombre de commentaires en demi-teinte tels que « les Noirs sont très bons en sport ». Dans ces cas-là, une personne peut être plus hésitante quant au caractère acceptable ou non de ces commentaires. De fait, un commentaire généraliste ne devient pas moins généralisant – ou même moins raciste – simplement parce qu’il est positif.

    Références pour aller plus loin :

    ADL Fighting Hate for Good. (2020, July). Consulté sur https://www.adl.org/racism
    Dovidio, J.F., Gaertner, S. L.,Kawakami, K. (2013). Racism In: Dovidio et al Eds. The Sage Handbook of Prejudice, Stereotyping and Discrimination. Thousand Oaks: Sage.
    Lectures complémentaires sur le racisme :
    D’Souza, D. (1995). The end of racism: Principles for a Multiracial Society. New York: Free Press
    Fredrickson, G.M. (2002). Racism: A short history. Princeton: Princeton University Press
    Rattansi, A. (2007). Racism: A very short introduction. Oxford: oxford University Press

  • TRAVAIL 

    « - J’ai choisi ce mot parce que travailler me manque. En Albanie, j’étais coiffeuse pendant 2 ans. J’ai arrêté de travailler un mois avant de venir ici. Maintenant, je ne peux pas travailler ici. Ça me manque, parce que travailler c’est la vie, tu te sens plus vivant quand tu travailles.

    - Je peux te demander pourquoi tu ne travailles pas en France ?

    - Parce que je n’ai pas encore de papiers… »

    « Lorsque l’on travaille, nous nous sentons inclus dans la société parce que nous y participons. Nous ne sommes pas exclus de la diversité non plus, mais les politiciens essaient de séparer, d'exclure les individus, les communautés, les races. »

     

    Contexte théorique

    Le mot « travail » peut avoir plusieurs sens. Il est généralement décrit comme une activité professionnelle, qui est périodique et payée : avoir un travail, travailler. Cependant, si nous regardons son sens en tant que « labeur », le mot fait également référence à toute autre activité dont le but est de produire, de créer et d’entretenir des choses : travail manuel, travail intellectuel. Il peut aussi faire référence à une technique nécessitant l’utilisation d’outils ou le travail sur un matériau (travail du bois par exemple). Le travail est également une action impliquant un effort physique ou mental. Enfin, il peut faire référence à quelque chose de négatif, qui peut ou peut ne pas être enduré, ou faire référence à une contrainte : avoir du travail (à faire). En 2003, Christian Baudelot et Michel Gollac ont publié le livre Travailler pour être heureux ?, dans lequel ils affirment que « le bonheur tiré du travail provient du pouvoir d’affirmer son humanité en agissant sur la nature ou sur la société ». En d’autres termes, le travail est ce qui permet aux personnes de se définir, de construire leur façon d’être en société, de renforcer leurs relations avec les autres et leurs opinions d’eux-mêmes. C’est au travail que l’identité sociale et personnelle est construite.

  • CAMPAGNE

    « Pour moi c'est seulement être hors de la ville, être coupé du monde… »

    « J'avais l'impression qu'en vivant à la campagne, on était exclu de toute une vie de dynamisme que l'on pouvait retrouver en ville, mais pas à la campagne. »

    « Eh bien, cela m’allait de vivre isolé… cela m'allait. Il y a des personnes qui préfèrent vivre dans des zones urbaines. Pour moi, c'est l'opposé. Et même maintenant, je rêverais de vivre à la campagne, d'être un peu loin de tout. »

     

    Contexte théorique

    La campagne est un terme général renvoyant aux zones rurales. La campagne est constituée de champs fermiers et d’espaces habités. Le mot « campagne » a bien des sens. Elle est souvent perçue en opposition à la ville, la nature la caractérisant, contrairement à l’urbain et l’artificiel. La campagne a souvent une connotation négative ; elle est associée à la décroissance et à la pauvreté. En France, une zone à faible densité située en campagne est souvent appelée « diagonale du vide ». La campagne est aussi souvent critiquée pour son « vide », généralement en termes de services et de possibilités d’emploi. En 1947, Jean-François Gravier a publié son livre Paris et le désert français, dans lequel il décrit le territoire français comme étant macrocéphalique, c’est-à-dire un territoire centré sur une seule ville. Tout ce qui n’est pas urbain est donc qualifié de vide.

  • EMPOWERMENT

    « L’empowerment signifie pour nous tirer de la force et du pouvoir d'une situation qui semblait au départ négative et en la combattant, avoir du pouvoir. »

    « Avant en Afrique, j'étais camionneur, mais ici je ne peux pas conduire. Avant, je gérais tout, c'est de l’empowerment, mais ici je peux pas. »

    « Pour moi, l’empowerment c’est avoir plus d’opportunités que les autres. »

     

    Contexte théorique

    L’empowerment est un processus par lequel des personnes prennent leur vie en main et s’impliquent dans la vie de leur communauté à travers une participation démocratique (Rappaport, 1987), en acquérant une compréhension critique de leur environnement (Zimmerman, Israel, Schulz, & Checkoway, 1992). Pour étudier les conséquences du processus d’empowerment, il est utile de comprendre l’empowerment en termes de résultats. Les résultats d’empowerment pour les individus peuvent inclure un contrôle apparent accru (auto-efficacité) ainsi que la mobilisation de ressources et de compétences (Perkins & Zimmerman, 1995). Lorsque nous parlons d’empowerment, nous pouvons penser en termes de bien-être versus maladie, compétence versus déficit, pouvoir d’agir versus impuissance.

    Références pour aller plus loin :

    Perkins, D.D. (2010). Empowerment. IN R.A. COUTO (ED.), Political and Civic Leadership: A Reference Handbook (PP. 207-218). Thousands Oaks, CA: SAGE.
    Perkins, D. D., Zimmerman, M. A. (1995). Empowerment Theory, Research, and Application. American Journal of Community Psychology, 23 (5), 569–579.
    Rappaport, J. (1987). Terms of Empowerment/Exemplars of Prevention: Toward a Theory for Community Psychology. American Journal of Community Psychology, 15, 121-148.
    Zimmerman, M. A., Israel, B. A., Schulz, A. & Checkoway, B. (1992). Further Explorations in Empowerment Theory: An Empirical Analysis of Psychological Empowerment. American Journal of Community Psychology, 20 (6), s. 707–727. 

  • JUSTICE

    « Pour nous, la justice c’est equality – igualtat – égalité »

    Contexte théorique

    La justice sociale est un terme ambigu dépendant du contexte (économique, historique et culturel).

    Le dictionnaire Oxford définit la justice sociale au sens large comme « la justice au niveau d’une société ou d’un état quant à la possession de richesses, de marchandises, d’opportunités et de privilèges ».

    L’académicien bien connu John Rawls, auteur du livre Théorie de la justice (1971, 2005) affirme que la justice consiste à assurer une répartition équitable des ressources et des libertés qui garantit l’égalité des chances pour tous, compte tenu des besoins spécifiques.

    Aujourd’hui, la plupart des théoriciens s’accordent à dire que la justice va au-delà de l’économique pour inclure les libertés politiques, culturelles, religieuses et sexuelles, et que nous devrions aspirer à une humanité libérée de toutes les contraintes sociales, politiques et idéologiques injustes (Bales, 2018).

    Le développement de ces idées a vu son couronnement dans des déclarations et des directives officielles, avec pour fer de lance la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) des Nations unies (1948). Ce document reconnaissait formellement « les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine. » (Bales, 2018).

    Références pour aller plus loin :

    Bales, S. (2018). Social Justice and Library Work. Newland Park: Chandos Publishing.
    Rawls, J. (1971). A Theory of Justice. Cambridge: The Belknap Press of Harvard University Press.

  • RELIGION

    « A l’époque, mes parents ne voulaient pas que je me marie avec mon voisin, et ma fille, qui a la trentaine, s’est mariée avec un homme catholique. Elle s’est dit que si son père ne voulait pas, elle se marierait quand même. Mais à l’époque je ne pouvais pas… on ne peut pas dire, il y avait du respect… »

    « Je suis musulmane et mon mari est chrétien. Je le respecte et il m’aime beaucoup, alors il respecte ma religion. Il ne m’a jamais dit de ne pas faire le Ramadan… »

     

    Contexte théorique

    La religion se rapporte à la relation des hommes et des femmes au divin, au sacré. Cette relation prend la forme de rituels, de pratiques morales et de rites. Pour qu’une religion existe, il doit y avoir une croyance en quelque chose de supranaturel, c’est-à-dire, quelque chose qui va au-delà de l’être humain. Les rituels ou les pratiques morales peuvent en découler, comme les prières, qui deviennent l’expression des croyances sur lesquelles est basée une religion.

    Le terme de religion peut être utilisé d’une manière plus générale pour décrire un profond sentiment de respect et de vénération pour une personne, une valeur ou une doctrine.

    La religion est souvent vue comme un sujet polémique, créant un grand nombre de débats. Le principe de laïcité règne en France. Selon le dictionnaire Oxford, la laïcité est « la croyance que la religion ne devrait pas être mêlée dans l’organisation de la société, dans l’éducation, etc. ». Les signes ostentatoires religieux ne sont pas acceptés dans les espaces et les services publics. Porter un voile en public est donc un sujet de débat en France : en 2011, Julien Odoul, un élu du Rassemblement National (RN), a attaqué une femme qui portait un hijab lors d’une séance plénière du conseil régional de la Bourgogne-Franche-Comté. Il lui a demandé de quitter l’audience à cause de son voile, devant son enfant. Cependant, selon la loi française, « seuls les agents qui exercent une mission de service public sont tenus à une stricte neutralité en application du principe de laïcité » (Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité au sein du gouvernement dans un entretien pour FranceInfo). En mars 2021, des sénateurs ont voté un amendement interdisant aux mères portant des hijabs les sorties scolaires. Au même moment chez nos voisins outre-Atlantique, Ilhan Omar, une femme voilée, est devenue représentante américaine du 5ème district du Congrès du Minnesota en 2019. Comme nous pouvons le constater, la religion – ou du moins les signes ostentatoires de religion – peuvent être un facteur d’exclusion sociale.

     

  • COMMUNAUTÉ / APPARTENANCE
    « L'appartenance signifie un sentiment de nous, signifie avoir une voix, signifie que nous sommes tous dans une seule communauté. »

    « Cela signifie se battre pour la même chose, être ici dans le même but. »

    « Communauté signifie se sentir inclus, valorisé, encouragé à 100 %. »

    « Communauté signifie appartenance, qui signifie absence de lutte d'identité. »

     

    Theoretical Background

    Dans le dictionnaire Cambridge, une « communauté » est définie en tant que « personnes vivant dans une zone particulière ou personnes considérées comme une unité de par leur intérêts, groupe social ou nationalité communs ».

    L’idée d’un lieu, d’une identité ou d’un objectif partagé ressort de la plupart des définitions des dictionnaires. Cependant, dans d’autres tentatives de revisiter et de redéfinir ce terme (Chavis, David M. & Lee, Kien, 2015; Pfortmüller, 2017), le besoin de relation est souligné. De nos jours, les nouvelles technologies dans la communication et les transports font que les communautés n’ont plus à être composées de personnes vivant à proximité les unes des autres et que des communautés mondiales peuvent être créées. Les communautés pouvant être caractérisées par l’âge, l’ethnicité, le genre, la religion, le lieu, la profession, etc., elles se chevauchent, et une personne peut appartenir à différentes communautés. Ces communautés peuvent être rejointes par choix, ou quelqu’un peut en faire partie par défaut.

    La communauté pourrait aussi être examinée depuis son sens étymologique : cum munus. Cum, signifiant « avec, ensemble », nous donne déjà un sentiment de ce que peut être une communauté. Munus peut avoir plusieurs sens tels que service, devoir, faveur ou cadeau. Ceux-ci impliquent un sens de responsabilité envers la communauté, se traduisant par des faveurs mutuelles, une attention partagée, un don.

    Références pour aller plus loin :
    Pfortmüller, Fabian. (2017) What does “community” even mean? A definition attempt & conversation starter.
    Chavis, David M. & Lee, Kien.(2015) What Is Community Anyway? (SSIR)
    What Is Community Anyway? (SSIR).
    https://www.lexico.com/definition/community
    https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/community

  • ÉQUITÉ

    « Pour moi l'équité c'est assurer des opportunités pour tout le monde, sans qu'ils aient nécessairement les mêmes caractéristiques. Ces opportunités doivent répondre aux besoins et à la situation de chaque individu. Pour que l'équité puisse être appliquée, il faut donc un sens fort de la justice et de l’empathie. »

     

    Contexte théorique

    Le terme d’équité fait référence au principe d’impartialité et de justice, et même s’il est souvent utilisé de manière interchangeable avec le mot égalité, leurs significations diffèrent. Selon la Commission pour l’Egalité et les Droits Humains britannique (EHRC), l’égalité signifie « s’assurer que chaque individu a une chance égale de tirer le meilleur parti de sa vie et de ses talents », ce qui implique de prévoir la même chose pour tous. D’un autre côté, l’équité est basée sur la compréhension que pour s’assurer que tout le monde ait les mêmes opportunités, de différents outils et ressources doivent être fournis, en adéquation avec les situations et déséquilibres existants. Au cours des dernières années, l’utilisation du mot équité s’est amplifiée grâce à des préoccupations croissantes de justice sociale et grâce au désir d’offrir enfin aux groupes historiquement oppressés les mêmes opportunités que tout le monde. Les groupes minoritaires ont souvent des droits égaux, mais restent traités inéquitablement à cause d’une distribution ou d’un accès aux ressources inégal.

    Références pour aller plus loin :

    Equality and Human Rights Commission (2018, August 2). Understanding equality. Consulté sur https://www.equalityhumanrights.com/en/secondary-education-resources/useful-information/understanding-equality
    Dictionary.com. (2021) Consulté sur https://www.dictionary.com/e/equality-vs-equity/

  • LIBERTÉ

    « La liberté me rappelle quand j’étais enfant et qu’on disait autour de moi « ta liberté s’arrête là où commence celle des autres », « c’est ça la liberté ». »

    « Le mot « liberté » est un concept important en France, c’est la devise de notre nation : « Liberté, Egalité, Fraternité », mais elle n’est clairement pas appliquée ! Derrière ce mot se trouvent les fondations de l’universalisme qui prône une société où nous serions tous égaux… Mais sans faire réellement attention à nos différences ou à la diversité en France. Ne pas s’occuper de notre propre diversité signifie que cette liberté et cette devise particulière ne seront jamais accessibles. »

    « La liberté est une valeur très importante, mais ce mot n’est pas suffisant. Tu dois t’accepter toi et les autres d’abord, et ensuite peut-être une vie bien pensée où tu peux te sentir vraiment libre. »

    Contexte théorique

    Le mot liberté vient du latin liber qui faisait référence aux personnes n’étant ni esclaves, ni prisonnières. C’était un statut réservé aux citoyens (personnes pouvant participer à la vie politique). Cette définition nous entraîne directement vers la dimension politique du mot liberté : je suis libre de faire ce que la loi m’autorise à faire. La liberté peut également être définie négativement (une absence de contraintes), ou positivement (la possibilité de faire ce que l’on veut).

    La liberté est opposée à l’idée de destinée et de déterminisme : les suites d’évènements sont seulement les conséquences de causes que nous ne pouvons contrôler.

    Bien des philosophes ont réfléchi et débattu l’idée de liberté ; pour Descartes, la liberté n’est pas la possibilité de tout faire, la liberté se trouve dans l’attitude d’un homme à accepter le monde tel qu’il est et d’adapter ses désirs à la réalité.

    Montesquieu propose une définition similaire pour l’idée de liberté : « la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir ».

    D’autres philosophes pensent que la liberté est une illusion : pour Spinoza, l’homme ne devrait pas se considérer comme « indépendant de l’empire de la nature ».

    Dans notre société, nous entendons souvent que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Cette pensée a été fortement renforcée après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Selon l’article 4, « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ».

    La liberté en tant que fait politique a été pensée par le philosophe Rousseau à travers son concept de contrat social. Il distingue la liberté naturelle de la liberté civile.

    Même si nous jouissons tous du libre arbitre, cela fait longtemps que les humains se demandent si nous avons une liberté absolue, ou si la liberté n’est qu’une idée.

    Les philosophes, quant à eux, la définissent comme la possibilité de bien choisir, par opposition à la notion de possibilité de choix, quel qu’il soit.

    Références pour aller plus loin :
    “Existentialism Is a Humanism”, par Jean-Paul Sartre 
    Vidéo :  “Philip Pettit : How Do You Know If You’re Truly Free?” de TEDx Talks https://www.youtube.com/watch?v=1rTEOU67zCo 
    “The freedom to be free”, par Hannah Arendt 

  • REPRÉSENTATION 
    « Les opinions sur la Turquie et les Turcs ne sont pas les mêmes dans tous les médias. C’est nuancé. Mais les médias n’écrivent pas sur les individus. C’est politique, ils sont motivés politiquement – en Turquie aussi. Le gouvernement turc est responsable de la piètre façon dont les gens parlent et écrivent sur la Turquie. »

    « Les gens ne devraient pas regarder les femmes migrantes et leurs expériences et opinions comme si elles étaient des animaux dans un zoo. « Oh, elles ont envie de mer et de soleil ». Ils ne devraient pas s’en tenir aux journaux et aux on-dit. Ils ne devraient pas exclure ou exotiser les femmes migrantes mais se rendre compte que les migrants aiment aussi la mer, un bon repas et les relations personnelles. Ces choses peuvent aussi s’appliquer à un Autrichien, un Allemand ou un Espagnol. Ce n’est pas ça qui nous rend spéciales. Nous sommes humaines, et pleines de contradictions et d’envies, mais nous ne sommes pas les seules à être ainsi. »

     

    Contexte théorique

    La plupart des dictionnaire offrent des définitions différentes du mot « représentation ». Pour le dictionnaire Cambridge, il s’agit d’une personne ou d’une organisation qui parle, agit ou est présente officiellement pour quelqu’un d’autre ; la manière dont quelqu’un ou quelque chose est montré ou décrit ; un signe, une photo, un modèle, etc. de quelque chose ; le fait d’inclure différents genres de personnes, par exemple dans les films, dans la politique ou dans le sport afin que tous les groupes différents soient représentés.

    Ce terme étant utilisé dans un grand nombre de disciplines telles que la psychologie et la philosophie, les études littéraire et de cinéma, dans les médias et la communication, dans la culture artistique et visuelle, dans la politique et le gouvernement, dans la sociologie et la linguistique, sa signification revêt donc différents usages et nuances.

    Emmanuel Kant affirmait déjà dans ses travaux qu’un environnement externe est nécessaire à l’établissement du moi : « J’ai conscience d’un moi identique, par rapport à la diversité des représentations qui me sont données dans une intuition, puisque je les nomme toutes mes représentations et qu’elles n’en constituent qu’une seule ». Même s’il n’y a aucun moyen empirique d’observer le moi, nous pouvons avoir différentes perceptions de l’environnement externe au cours du temps. En unissant ces représentations en une seule, nous pouvons voir comment un soi transcendantal émerge. Un point clé qui pourrait prêter à controverse est de savoir si les représentations sont des objets de la conscience ultime ou si elles sont simplement un vecteur pour cette conscience.

    Le salut zoulou sawubona, signifiant « je te vois » entraîne traditionnellement la réponse sikhona « donc j’existe pour toi ». Il s’agit d’une puissante reconnaissance d’une existence et implique que quelque chose n’existe pas tant qu’il n’est pas vu par quelque chose d’extérieur, tant qu’il n’est pas représenté par cet environnement extérieur.

    En ce sens, la représentation n’est pas une activité ultérieure, mais une activité constitutive. Une chose n’a pas de signification réelle et fixée tant qu’elle n’a pas été représentée (fût-ce par les médias, la société, la politique, etc.). Ces représentations ne sont pas des réflexions de choses qui ont déjà un sens, les choses qui se produisent dans la réalité auront le sens donné par ceux qui créent le sens. Ainsi, ces représentations véhiculent également l’attitude des créateurs de sens à l’égard de ce qui est représenté. La question est de savoir qui a le pouvoir de représenter ces significations.

    La représentation est fondamentale pour l’existence des personnes. Elle nous permet de comprendre notre environnement et nous-mêmes, et nous aide dans le processus d’être et de devenir. A travers les différentes représentations auxquelles les personnes ont accès, nous nous produisons nous-mêmes et produisont l’idée que nous nous faisons du monde. La représentation façonne notre monde en constante évolution, et c’est un engagement civique significatif. Elle inspire la prochaine génération, donne un sens du possible et permet d’envisager un avenir plus inclusif.

    Références pour aller plus loin :
    “Stuart Hall’s Representation Theory Explained! Media Studies revision” par The Media Insider https://www.youtube.com/watch?v=yJr0gO_-w_Q

    Webb, J. (2009). Introduction: the terms of representation. In Understanding representation (pp. 1-14). SAGE Publications Ltd, https://www.doi.org/10.4135/9781446213131.n1
    “Kant: Philosphy of Mind” par Colin McLear
    “Why representation matters” par Jesse Beason https://www.youtube.com/watch?v=TiheM6wSwes
    https://en.wikipedia.org/wiki/Immanuel_Kant

  • DIFFÉRENCE 

    « Les différences sont nécessaires pour pouvoir être différencié d’un groupe ou d’une autre personne. Les différences permettent aussi de découvrir différentes cultures et de partager la sienne. »

    « On doit tous cultiver notre différence et la différence pour que la société soit une société de partage. »

    « Pour moi quand je suis arrivé en Métropole, je ne parlais pas bien français, juste créole, donc j’avais du mal à m’exprimer à la banque pour ouvrir un compte. Ils m’ont dit qu’il fallait aller à l’école pour apprendre le français, et cela m’a motivé pour apprendre seul le français sur le tas, comme ça dans la rue avec les gens. Pour moi, c’est apprendre à connaître ces gens-là, même s’ils ne sont pas pareil que moi et ça m’a apporté quelque chose de plus. Cette expérience négative m’a motivé à apprendre. »

    « Nous nous sommes dit que nous pouvons tous apprendre des différences comme Paul qui a appris une langue et ici à carton plein. On apprend beaucoup des uns et des autres, des cultures, de l’alimentation, etc. »

    « En parlant on s’est rendu compte qu’en étant tous différents, on avait des points communs comme notre différence. »

     

    Contexte théorique

    Le mot différence vient du latin differentia, signifiant « disséminer » ou « disperser ». Selon le dictionnaire Oxford, la différence peut être définie comme « la façon dont deux personnes ou choses ne sont pas pareilles ; la façon dont quelqu’un ou quelque chose a changé ».

    Pour établir une différence, il y a un nombre infini de critères pouvant être établis : le poids, la taille, la quantité, le prix, la couleur, etc… Cependant, le sens du mot « différence » fait ici référence aux différences, prouvées ou non, entre les humains.

    Ces observations des différences peuvent mener à un jugement de valeur et à une hiérarchie entre les différentes catégories différenciées. Comme le rappelle le biologiste français Albert Jacquard, « ce débat est typique d’une interprétation erronée de mots et de symboles forgés par les mathématiciens ». En effet, si nous appliquons la définition arithmétique de la différence, cela signifie qu’il y a une possibilité d’établir une classification pour tout. Nous voyons les dérives de cette différentiation qui mène à la création de jugements de valeur : sexisme, racisme, homophobie, et toutes les formes d’oppression basées sur une caractéristique « différente » considérée comme mauvaise. La différence renvoie à la notion d’altérité,  celui qui n’est pas comme nous. L’expression peut avoir une connotation négative car elle peut évoquer une confrontation entre deux choses. De plus, en français, « avoir un différend » signifie avoir un problème avec quelqu’un. La question de la différence est aussi l’idée de normes : qui définit ce qui est différent ? Car la différence peut aussi être considérée comme une forme d’étrangeté.

    Bien des personnes se considèrent comme étant différentes à cause de leur apparence ou de leur mode de vie, et revendiquent cette différence pour se libérer du jugement des autres. C’est le cas du mouvement Body Positive, un mouvement social prônant l’acceptation et l’amour de soi et de ses « différences ».

    Références pour aller plus loin :
    Worlds of Difference, S. A. Arjomand, E. Pereira Reis
    Eloge de la différence. La génétique et les hommes, A. Jacquard 

  • ESPACE URBAIN 

    « Avant, je vivais avec mes parents à Paris, mais je suis à Marseille depuis 3 ans maintenant. Il y a certains endroits, certains quartiers de Marseille, en particulier quand il fait nuit et que je suis seule, en tant que femme… Je sens que j’ai le droit d’être là ; aucune loi ne m’en empêche. Il n’y aucune règle qui dit Perrine, ne va pas là, mais j’ai l’impression que dans cet espace urbain, les femmes, parce qu’il y a plus d’hommes, etc. ne sont pas incluses. Il n’y a pas d’inclusion, même si légalement il n’y a aucun problème. Et parfois, je sais que ce n’est pas grand-chose, mais je me force à sortir pendant la journée, plutôt que la nuit. Je me force à aller dans ces quartiers où il y a très très peu de femmes pour laisser ma trace et essayer de forcer cette inclusion sociale parce que sinon, elle n’arrivera pas. Parfois je me force à faire ça. Mais en journée, pas la nuit. »

     

    Contexte théorique

    Selon la définition géographique, l’espace urbain est associé à la « zone métropolitaine ». C’est un ensemble de zones urbaines qui sont continues, dans lesquelles au moins 40 % de la population active travaille.

    Aujourd’hui, les espaces urbains renvoient aux espaces des villes, généralement publics. Ces espaces urbains sont des rues, des avenues, des centres commerciaux. Ils sont caractérisés par des interactions sociales ; la ville est faite par la « co-présence » de personnes vivant, travaillant, errant dans les rues. De plus, la ville est souvent associée à la densité, à la concentration des personnes et aux bâtiments. Les espaces urbains constituent une zone non neutre : ce sont des espaces sexués qui peuvent refléter des formes de domination (comme la domination sexiste). Le nouveau mouvement de jeunes féministes françaises « Collages Féminicides » essaye de récupérer ces espaces. Dans la publication Le genre de la nuit. Espace sensible (2019), Pascale Lapalud et Chris Blache, deux scientifiques travaillant sur l’urbanisme, déclarent que l’espace urbain « contraint ou altère symboliquement et physiquement les mouvements des femmes et des personnes non binaires, des lesbiennes, des gays et des trans, en particulier la nuit ». Ainsi, les espaces urbains ne sont pas des endroits d’égalité. Ce sont surtout des espaces complexes : il y a des endroits de sociabilité, mais aussi des endroits d’activisme ou de passage. Enfin, comme l’on peut le voir avec l’exemple de Collages Féminicides, il y a des endroits de luttes de pouvoir.

     

  • PLACE

     

    Contexte théorique

    Place est un mot possédant plusieurs définitions. Nous nous concentrerons sur deux définitions proposées par le dictionnaire Oxford : la place est le « rang ou statut d’une personne » ou « un droit ou un privilège résultant du rôle ou de la position d’une personne ». Nous avons donc affaire à une définition qui dépend de la relation d’un individu à un groupe.

    Être dans un groupe peut être un facteur générant du malaise, de la peur et même de l’angoisse. Nous sommes confrontés à des idées, des perceptions et des désirs, certains nous étant inconnus, et peut-être différents.

    En reprenant le principe de Sartre que « c’est à partir du regard des autres que l’on saisit notre identité », nous pouvons considérer qu’il y a une espèce de contradiction dans ce double mouvement d’attraction et de peur du groupe. Nous avons peur des autres s’ils menacent notre identité, nous avons « la peur d’être noyés dans la masse », la peur du jugement, « la peur du regard des autres ». Or, ce regard est structurant en ce que les sujets découvrent à travers celui-ci une appréciation qui leur échappent. En d’autres termes, le groupe nous donne des informations sur nous-même que l’on ne pourrait trouver nulle part ailleurs.

    Le terme « place » peut aussi renvoyer à notre position dans la société : à partir du moment où l’on nait, et selon des caractéristiques que nous ne contrôlons pas (la classe sociale de nos parents, notre genre assigné, notre couleur de peau, etc.), la société nous assigne une place.

    Références pour aller plus loin :

    La société comme verdict : classes, trajectoires, identités », par Didier Eribon.

  • SINGULARITÉ
    « Être unique »

    « Avoir des caractéristiques peu communes qui nous font réaliser à quel point nous sommes différents dans un groupe. Ce qui est important c’est d’être unique dans un groupe, car sinon tu n’es pas unique mais juste seul. »

    « Être unique n’est pas un avantage ou un désavantage, c’est un fait. »

    « Être unique peut mener à l’individualisme, être spécial, choisir quelque chose de différent des autres. Parfois, être unique peut aussi mener à un sentiment d’exclusion vis-à-vis du groupe, tu tends à te retirer du groupe, et cela peut mener à l’individualisme, suivre ton propre chemin. »

    « Quelque chose qui nous rend unique peut être un talent que tout le monde a, mais aussi de petites choses – la taille, le poids, la couleur des cheveux, etc. »

    « Nous sommes tous uniques ! »

     

    Contexte théorique

    La singularité vient du latin singulāritās, signifiant « être unique ». Selon le dictionnaire Oxford, la singularité est « la qualité de quelque chose qui le rend inhabituel ou spécial ». Si nous savons que chaque être humain a sa propre singularité, bien des caractéristiques peuvent en être à la source : notre personnalité, nos valeurs, nos relations aux autres, un trait physique, etc…

    En effet, si nous sommes tous humains, appartenant à la même espèce et possédant les mêmes caractéristiques (deux bras, des pouces, des organes similaires…), il y a un processus d’individuation qui nous rend uniques. Nous sommes donc tous à la fois uniques et similaires. D’un point de vue biologique, l’individuation implique la transformation de notre corps à travers notre vieillissement. Du point de vue psychanalytique, le fait d’être unique nous rend « totalement humain », ce qui nécessite un long travail pour trouver sa voie.

    Références pour aller plus loin :

    Vidéo : « Embracing Uniqueness », Cassandra Naud TEDxTalks
    Uniqueness: The Human Pursuit of Difference (Perspectives in Social Psychology), C. R. Snyder

  • DISCRIMINATION

    « La discrimination apparait lorsqu'une personne avec du pouvoir, ou qui croit en avoir, est injuste envers des personnes qu’elle considère inférieures. »

    « Une situation discriminante très banale serait quand une personne racisée souhaite entrer dans un lieu d’agrément, un bar, une boîte de nuit, etc., et que l’agent de sécurité ne la laisse pas entrer et l’en empêche que ce soit à cause de son apparence physique, de sa façon de s’habiller, de ses croyances, etc. »

    « Une autre situation de discrimination grave survient lorsqu’un propriétaire n’accepte pas de louer son logement à des personnes racisées. »

    Contexte théorique

    La discrimination est le traitement inégal d’une personne ou d’un groupe pour des raisons de religion, de classe sociale, d’ethnicité, de condition physique, d’idées politiques, de genre, de préférence sexuelle, d’âge et de santé mentale, entres autres. La discrimination est le refus de l’égalité des droits, fondé sur des préjudices et des stéréotypes (Fiske, 2010). La discrimination diffère des préjudices et des stéréotypes en ce qu’elle n’est pas une croyance, mais une application de croyances (Fiske, 2010), pour distribuer inégalement des droits, des accès et des privilèges.

    La discrimination s’exprime à des degrés variables : de crimes haineux violents à des actes très subtils qui pourraient sembler invisibles, mais qui ont de graves conséquences sur la santé et le bien-être de la personne discriminée. Les formes normalisées de discrimination comprennent des situations telles que recevoir un service de moindre qualité dans les magasins ou les restaurants, être traité avec moins de courtoisie et de respect, être traité comme étant moins intelligent ou moins digne de confiance. Une telle discrimination quotidienne prend fréquemment la forme de « micro-agressions » telles que des commentaires malavisés suggérant qu’une personne n’est pas à sa place ou qui invalident ses expériences.

    Références pour aller plus loin :

    Fiske, S.T. (2010). Social beings: Core motives in Social Psychology (2nd ed.). Hoboken, NJ: Wiley.
    American Psychological Association. (2019). Discrimination: What it is, and how to cope. Consulté sur http://www.apa.org/topics/discrimination

  • HEIMAT / TERRE NATALE 
    « La patrie / terre natale c'est le passé, mes racines et ma mère. »

    « La patrie / terre natale est l’endroit où j'ai des droits. »

    « La patrie / terre natale est un nouveau monde, c'est un endroit où je vis, bois et mange, elle peut changer avec le temps. »

    « La vieille terre natale ce sont des souvenirs, des histoires et des sentiments. La nouvelle terre natale c’est un endroit où je suis digne. Ce n'est pas toujours le pays dans lequel tu nais, si celui-ci ne te donne pas ta dignité, ta liberté d’expression et de parole. »

    « La patrie ce sont les odeurs du jasmin, du café et de la mer. »

    Contexte théorique

    Dans le dictionnaire Cambridge, la patrie (« home ») est définie comme le lieu d’origine de quelqu’un ou de quelque chose, ou un endroit dans lequel une personne se sent à sa place. Cet endroit peut être le même pour certaines personnes, tout comme la terre d’origine et la terre dans laquelle on se sent à sa place peuvent être complétement opposées pour d’autres.

    Dans le dictionnaire Collins, l’accent est mis sur la notion d’origine, alors que l’appartenance est simplement un facteur de ce sentiment d’appartenance : l’on peut utiliser les termes terre / pays pour faire référence à la maison, à la ville dans laquelle une personne vit ou est née, souvent pour montrer qu’elle se sent appartenir à ce lieu.

    Dans les autres dictionnaires, le terme est souvent associé à la famille et à la résidence. A nouveau, les endroits où réside la famille d’une personne et où cette personne réside peuvent être complétement différents. Oxford Languages met l’accent sur la notion de temps dans sa définition de chez-soi : l’endroit dans lequel une personne vit de façon permanente, en particulier en tant que membre d’une famille ou d’un ménage.

    Dans la définition du terme « Heimat », un mot allemand signifiant « chez-soi » ou « patrie » et qui possède une connotation spécifique à la culture et à la société allemandes qui le rend intraduisible en français, le chez-soi représente l’environnement proche, compréhensible et transparent, comme un cadre dans lequel les attentes comportementales sont satisfaites, dans lequel des actions raisonnables et prévisible sont possibles, par opposition à l’étranger et à l’aliénation, en tant que secteur d’appropriation, de saturation active et de fiabilité. (Heimat sur Wikipedia)

     

  • POUVOIR 

    « Pouvoir. Le pouvoir c’est grandir, c’est le soutien mutuel entre ceux qui se sentent différents, c’est la compréhension entre ceux qui ne se conforment pas à la norme, c’est créer un réseaux, élever sa voix, l’utiliser comme un haut-parleur. »

    Contexte théorique

    Le terme pouvoir peut avoir différentes connotations selon le champ d’application.

    Selon le Oxford Learner’s Dictionaries, le terme pouvoir peut se référer à la capacité à contrôler des personnes, des choses, des pays, des zones, mais se réfère également à la capacité, au droit ou à l’autorité d’un individu ou d’un groupe à faire quelque chose.

    En sociologie, le pouvoir est un concept clé, possédant plusieurs significations et un désaccord considérable autour de lui. Max Weber l’a défini comme « la capacité d’un individu ou d’un groupe à atteindre ses propres buts ou objectifs lorsque d’autres tentent de les empêcher de les réaliser » (Weber, 1921). Selon lui, le pouvoir est autoritaire ou coercitif ; c’est quelque chose qui est tenu, enlevé, perdu ou volé et qui est essentiellement utilisé dans des rapports d’opposition entre ceux ayant du pouvoir et ceux n’en n’ayant pas.

    Le pouvoir a souvent une connotation négative car étant vu comme quelque chose d’injuste, d’accordé à une personne à cause de sa situation ou de son titre, mais il peut aussi être vu comme un outil pour influencer positivement les autres, pour offrir un soutien, pour valoriser et atteindre les objectifs des communautés (Miller, 2018).

    Références pour aller plus loin :

    Miller R, (2018). Be Chief: It’s a Choice, Not a Title. Highlands Ranch: Authors Place Press.
    Weber M, (1922). Economy and Society: An Outline of Interpretive Sociology. Berkeley: University of California Press.

  • SOUTIEN AUX COMMUNAUTÉ 
    « Le point de départ du soutien aux communautés est de comprendre la différence entre « je ne suis pas raciste » vs « je suis antiraciste ». »

    « Le soutien aux communautés est l'opposé du silence blanc. »

    « C’est combattre les mêmes choses que les personnes discriminées combattent au quotidien. »

    « Tu ne dois pas toujours être super actif ou parler fort, mais ne pas être raciste n'est pas assez. Par exemple, ne pas dire le n-word n'est pas assez. Ce n'est pas du soutien. Regarder des documentaires n'est pas assez. Le soutien aux communautés n'est pas juste ne pas être raciste. Soutenir la communauté signifie être actif dans ta vie quotidienne, sinon tu reproduis un système raciste. »

    « C'est soutenir les personnes noires et de couleur de toutes les manières possibles. »

    « Il est impossible que nous devions maintenant être reconnaissants envers nos amis blancs qui sont un peu plus conscients. »

    « Le soutien aux communautés est une lutte antiraciste continue. Elle peut fluctuer, mais ce n'est pas juste une tendance. »

     

    Contexte théorique

    Dans le dictionnaire Merriam-Webster, le soutien aux communautés (allyship) est décrit comme un groupe soutenant d’autres personnes ou groupes. C’est une pratique active et cohérente de désapprentissage et de réévaluation, dans laquelle une personne en position de force et de privilège cherche à agir en solidarité avec un groupe marginalisé agissant par responsabilité.

    De plus, Amnesty International défini un allié comme « une personne qui agit pour soutenir un groupe auquel il n’appartient pas. Ils développent des liens forts avec ce groupe, en se rappelant qu’ils sont là dans un rôle de soutien. Ils savent quand s’avancer et quand rester en arrière, sans jamais se faire remarquer. Les alliés ne sont pas des sauveurs ; ils savent que les personnes qu’ils soutiennent peuvent se relever d’elles-mêmes. Ils défendent les besoins de ce groupe et utilisent leur pouvoir pour amplifier la voix de ce groupe. Un allié est un défenseur au sein de son ou ses propres groupes qui s’attaque à l’ignorance et incite d’autres personnes à devenir des alliés ».

    Le privilège étant intersectionnel, tout le monde à la possibilité d’être un allié. Cependant, c’est un processus permanent de construction de relations basées sur la confiance, la constance et la responsabilité, et qui ne se définit pas de lui-même ; le travail et les efforts doivent être reconnus par ceux avec qui vous cherchez à vous allier.

    Le soutien aux communautés est absolument essentiel dans une société où de larges pans sont structurellement discriminés et exclus. Ce n’est que par le biais d’un vrai soutien aux communautés qu’une société inclusive peut être construite, relevant moins de l’assimilation que d’une valorisation de la diversité.

    Références pour aller plus loin :
    https://theantioppressionnetwork.com/allyship/

     

     

     

  • DIVERSITY

    « Un jour, mon enfant est revenu de l'école et m'a demandé :

    - Maman, qu'est-ce qu'un homme noir ?

    - Une personne noire, où as-tu entendu ça ?

    - Dans la cour de récré, il y a une fille noire.

    - Et alors mon chéri, qu'est-ce qu'il y a ? Que s'est-il passé dans la cour ?

    - J'ai joué avec la fille et tout le monde m'a dit de ne pas jouer avec elle.

    - Et pourquoi pas ?

    - Parce qu'elle est noire.

    Il n'a pas compris noir, la couleur. Il a 3 ans, il ne peut pas comprendre. Noir ? La couleur, mais noir pour une personne ? Je me demande encore ce qu'il a pensé sur le coup. »

     

    Contexte théorique

    La diversité renvoie à la non-séparation des sexes, c’est-à-dire au mélange des femmes et des hommes. Par exemple, les écoles dites mixtes ne séparent pas les garçons des filles. Cependant, il ne faut pas confondre diversité et égalité : l’égalité signifie avoir un nombre égal d’hommes et de femmes dans un groupe.

    La diversité peut aussi être sociale, raciale, etc. et faire référence au regroupement d’individus indépendamment de leur origine, de leur culture, de leur éducation ou de leur classe sociale.

    En France, un récent débat sur la non-mixité a vu le jour, le gouvernement souhaitant interdire de tels rassemblements réservés aux personnes appartenant à un ou plusieurs groupes sociaux et considérés comme opprimés ou discriminés. Certaines personnes défendent ces rassemblements en ce qu’ils encouragent des discussions libres de tout schéma systémique de domination ; par exemple, un groupe composé que de femmes permettra une plus grande liberté de parole pour les femmes, sans aucune forme de domination patriarcale induite par une présence masculine. La sociologue française Christine Delphy défend ce point de vue : « la pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’auto-émancipation. L’auto-émancipation, c’est la lutte par les opprimés pour les opprimés (…). La non-mixité voulue, la non-mixité politique, doit demeurer la pratique de base de toute lutte. » (extrait d’un interview pour Le Monde, 2006).

  • IDENTITÉ
    « L’identité est un entre-deux. Je me sens appartenir à deux pays, avec une responsabilité sociale et politique car je veux façonner les deux. »

    « J’ai deux identités : une d’avant et une d’après la guerre. »

    « A partir d’un certain âge, on ne vit plus bien le mélange, car l’identité est dans le passé. »

    « L’identité est une lutte interne sans fin. »

    « Mon identité change avec chaque ville dans laquelle j’habite. […] Les gens sont tout étonnés : « Oh, tu ne sais pas qui tu es ! » Si, je sais qui je suis ! Tu te sens juste mal à l’aise avec ça et tu refuses de reconnaître les nombreuses façons par lesquelles je dépasse tes attentes et te fais perdre confiance en toi. »

    « Nous nous battons constamment pour nous identifier à l’intérieur des petites cases stupides que les gens ont dans leur tête. Et nous sommes la preuve vivante que nous ne rentrons pas dans ces cases mais que nous en débordons, constamment. »

    « Les gens disent : Oh, c’est ton côté blanc – Oh, c’est ton côté noir ! Pourquoi y’a-t-il des côtés au juste ? Je ne suis pas un Rubik’s cube ! »

    « Je peux porter mes longues tresses. Je peux être élégante. Je peux être professionnelle. Je peux porter des créoles. Je peux être street. Je peux être intelligente. Je peux être la tronne-pa Je peux être toutes ces choses. Pourquoi pas ? »

    « L’identité n’est pas quelque chose de statique ou de fixe. C’est un processus qui dure tout au long de la vie. Nous apprenons et percevons tout le temps de nouvelles choses sur nous. Car rien n’est gravé dans la pierre. L’identité est l’opposé d’une pensée unique. L’identité est un voyage permanent qui consiste à rester fidèle à soi-même, qu’il faille ou non changer de code pour se conformer à la pression et aux attentes extérieures. L’identité c’est moi, où que je sois. »

     

    Contexte théorique

    L’identité, c’est comment nous nous conceptualisons, le sentiment de qui nous sommes. Notre identité nous permet d’avoir notre propre compréhension de notre place dans le monde. Notre identité a deux aspects : ces aspects qui nous rendent uniques vis-à-vis des autres, notre identité personnelle, et notre identité sociale, ce que nous avons en commun et partageons avec les autres, et aussi ce que nous avons de différent avec les autres groupes.

    Notre identité est constituée de plusieurs couches. Une grande partie de notre identité se rapporte à l’éventail de groupes sociaux auxquels nous appartenons, notre place au sein de ceux-ci, ou les groupes dans lesquels nous ne sommes pas et les groupes sociaux dans lesquels les autres nous placent. Jacques Derrida affirme que la constitution d’une identité est toujours fondée sur l’exclusion de quelque chose et sur l’établissement d’une hiérarchie entre les pôles résultants. Ainsi, l’identité est relationnelle, c’est-à-dire, comment nous nous percevons par rapport aux autres.

    Lors du processus du devenir plutôt que de l’être, les identités se construisent en utilisant les ressources de l’Histoire, de la langue et de la culture. Elles naissent de la narrativisation du soi, mais la nature nécessairement fictive de ce processus n’enlève rien à son efficacité discursive, matérielle ou politique, même si l’appartenance (par laquelle les identités émergent) se trouve en partie dans l’imaginaire. En raison de cette narrativisation, les identifications ne sont jamais complètes et définitives. Elles sont constamment rassemblées, consolidées, retranchées et contestées. Tout comme les identités elles-mêmes, le terme identité est constamment reformulé. Selon James Fearon, « l’identité » telle que nous la connaissons aujourd’hui découle principalement des travaux dans les années 50 du psychologue Erik Erikson et les définitions des dictionnaires n’ont pas rattrapé leur retard, ne parvenant pas à saisir les significations actuelles de ce mot.

    « La similitude d’une personne ou d’une chose en tout temps ou en toutes circonstances ; la condition ou le fait qu’une personne ou une chose est elle-même et non autre chose ; l’individualité, la personnalité. »

    Oxford English Dictionary (2ème édition, 1989)

    « Les caractéristiques, sentiments ou croyances qui rendent les personnes différentes des autres. »

    « L’état ou le sentiment d’être très semblable et de pouvoir comprendre quelqu’un ou quelque chose. »

    (Oxford Learner’s Dictionary)

    « Qui est une personne, ou les qualités d’une personne ou d’un groupe qui les rendent différents des autres. »

    « La réputation, les caractéristiques, etc. d’une personne ou d’une organisation qui amènent le public à penser à elle d’une certaine façon. »

    (Cambridge Dictionary)

    Référence pour aller plus loin :
    Pehrson, Sam. “What is identity?”,  Identity, Conflict and Public Space, Queen’s University, Belfast.
    Hall, Stuart. (2011). Introduction: who needs ‘identity’?. In S. Hall, & P. du Gay (Eds.), Questions of cultural identity (pp. 1-17). SAGE Publications Ltd, https://www.doi.org/10.4135/9781446221907.n1
     Fearon, James. 1999. « What Is Identity (As We Now. Use the Word)? » Unpublished manuscript. Stanford. University, Stanford, Calif, November 3. Feng, Chongyi.

  • PROCÉDURES ADMINISTRATIVES 

    « J’ai choisi les procédures administrative car même si je suis Européen (en fait, je suis Italien), de nombreuses étapes administratives doivent être surpassées pour pouvoir accéder à certains droits… »

    « Le fait que je ne semble pas être capable de remplir mes papiers m’empêche d’être totalement inclus dans le système. »

    « N’y arrivant vraiment pas, cela m’empêche de faire réellement partie de la société française et c’est pourquoi j’ai choisi ce mot, car même si j’ai le droit à quelque chose, les procédures administratives sont un obstacle à l’inclusion… »

     

    Contexte théorique

    Une procédure administrative est la déposition d’une demande auprès des services publics et administratifs dans le but de régulariser une situation au regard de la loi d’un Etat. Il y a des étapes qui sont inévitables et obligatoires pour ceux vivant en France ; remplir sa feuille de taxes, demander un permis de conduire ou un titre de séjour… Les démarches administratives se déroulent généralement en plusieurs étapes, soit en ligne, soit en personne dans les bureaux des institutions officielles (mairie, préfecture, etc.). En France, les procédures administratives sont connues pour être compliquées et très chronophages. Les procédures administratives peuvent entraîner une exclusion sociale. Didier Fasin, dans sa publication « Les nouvelles frontières de l’administration française (2012), qualifie les procédures administratives de barrière, et même de « frontière ». Ainsi, les procédures administratives peuvent être à l’origine d’un sentiment d’ « expulsabilité » pour les personnes étrangères (p.492).

  • STÉRÉOTYPE 
    « Pour nous, avoir des stéréotypes c’est avoir une idée préconçue sur les autres. Ce sont généralement des pensées négatives qui renforcent le concept de « eux » versus « nous ». D’un autre côté, nous ne pensons pas pouvoir les éviter, mais comment les surpasser ? Et aussi, ces stéréotypes peuvent parfois être vrais, n’est-ce pas ? »

    « Il est dur de trouver une définition. C’est une idée qui a été généralisée. »

    « Par exemple, une personne qui a des stéréotypes sur les autres sera très probablement mécontente si les autres ne répondent pas à ses attentes, c’est triste. »

     

    Contexte théorique

    Le mot stéréotype vient du grec στερεός (stereos), signifiant solide. Selon le dictionnaire Oxford, le stéréotype peut être défini comme « une idée ou une image fixe que beaucoup de personnes ont d’un type particulier de personnes ou de choses, mais qui n’est souvent pas vrai dans la réalité ».

    Dans notre contexte, il s’agit plus des stéréotypes sur les personnes, selon une ou plusieurs caractéristiques : l’origine ethnique ou sociale, le genre, l’apparence physique, la religion, etc.

    Le professeur de psychologie Jacques-Philippe Leyens propose cette définition : « théories implicites de personnalité que partage l’ensemble des membres d’un groupe à propos de l’ensemble des membres d’un autre groupe ou du sien propre ».

    Ces théories sont nées d’une catégorisation, où les différences entre les personnes du même groupe sont réduites, et les différences entre les membres de ce groupe avec un autre groupe sont accentuées. Si nous prenons l’exemple des stéréotypes de genre, ils consistent à dire que les femmes sont toutes émotives, et que les hommes sont totalement différents et bien moins sensibles.

    Les stéréotypes ne sont pas juste des idées, ils peuvent avoir des conséquences concrètes sur les personnes visées : en psychologie sociale,  il y a un phénomène appelé la « menace du stéréotype ». Lorsque l’on fait partie d’un groupe victime de stéréotypes, et que l’on est dans une situation mobilisant cette « identité sociale », ces stéréotypes peuvent affecter notre comportement.

    Aux Etats-Unis, deux chercheurs, Joshua Aronson et Claude Steel, ont mené la première expérimentation sur ce sujet en 1995 : ces psychologues ont fait des tests sur deux groupes formés d’étudiants noirs et blancs. Il a été dit au premier groupe que ce test révèlerait leurs performances intellectuelles. Il a été dit au second groupe que le but était uniquement d’étudier les mécanismes psychologiques humains lors de la résolution d’un problème. Les résultats ont montré que dans le premier groupe, les personnes noires ont eu de moins bons résultats que les personnes blanches, tandis qu’il n’y a pas eu de différences entre les réponses des personnes blanches et noires dans le second groupe. Pour les chercheurs, la « menace du stéréotype » a été enclenchée pour les personnes noires du premier groupe : conscients du stéréotype que les personnes noires sont moins intelligentes, les étudiants noirs peuvent être soumis à la pression par peur de confirmer ce stéréotype, ce qui affecte leur attitude, leurs performances.

    Références pour aller plus loin :
    Vidéo : “Battling Cultural Stereotypes”, Sadie Ortiz TEDxTalks
    Les Stéréotypes de genre : Identités, rôles sociaux et politiques publiques, Pascaline Gaborit
    Vidéo : How Gender Stereotypes Influence Emerging Career Aspirations, Shelley Correll, University of Sandford