ESPACE URBAIN
« Avant, je vivais avec mes parents à Paris, mais je suis à Marseille depuis 3 ans maintenant. Il y a certains endroits, certains quartiers de Marseille, en particulier quand il fait nuit et que je suis seule, en tant que femme… Je sens que j’ai le droit d’être là ; aucune loi ne m’en empêche. Il n’y aucune règle qui dit Perrine, ne va pas là, mais j’ai l’impression que dans cet espace urbain, les femmes, parce qu’il y a plus d’hommes, etc. ne sont pas incluses. Il n’y a pas d’inclusion, même si légalement il n’y a aucun problème. Et parfois, je sais que ce n’est pas grand-chose, mais je me force à sortir pendant la journée, plutôt que la nuit. Je me force à aller dans ces quartiers où il y a très très peu de femmes pour laisser ma trace et essayer de forcer cette inclusion sociale parce que sinon, elle n’arrivera pas. Parfois je me force à faire ça. Mais en journée, pas la nuit. »
Contexte théorique
Selon la définition géographique, l’espace urbain est associé à la « zone métropolitaine ». C’est un ensemble de zones urbaines qui sont continues, dans lesquelles au moins 40 % de la population active travaille.
Aujourd’hui, les espaces urbains renvoient aux espaces des villes, généralement publics. Ces espaces urbains sont des rues, des avenues, des centres commerciaux. Ils sont caractérisés par des interactions sociales ; la ville est faite par la « co-présence » de personnes vivant, travaillant, errant dans les rues. De plus, la ville est souvent associée à la densité, à la concentration des personnes et aux bâtiments. Les espaces urbains constituent une zone non neutre : ce sont des espaces sexués qui peuvent refléter des formes de domination (comme la domination sexiste). Le nouveau mouvement de jeunes féministes françaises « Collages Féminicides » essaye de récupérer ces espaces. Dans la publication Le genre de la nuit. Espace sensible (2019), Pascale Lapalud et Chris Blache, deux scientifiques travaillant sur l’urbanisme, déclarent que l’espace urbain « contraint ou altère symboliquement et physiquement les mouvements des femmes et des personnes non binaires, des lesbiennes, des gays et des trans, en particulier la nuit ». Ainsi, les espaces urbains ne sont pas des endroits d’égalité. Ce sont surtout des espaces complexes : il y a des endroits de sociabilité, mais aussi des endroits d’activisme ou de passage. Enfin, comme l’on peut le voir avec l’exemple de Collages Féminicides, il y a des endroits de luttes de pouvoir.
